Difficile pour moi de faire un compte-rendu de course alors imaginez quand je participe à deux belles courses à 12 jours d’intervalles.

D’abord, le Dimanche 05 juin, je me retrouve à 8h sur la ligne de départ à SAINTE ENIMIE pour le réputé LOZERE TRAIL (48): 55km / 2300md+ au programme.

J’entends d’ici les chauvins du club dire que c’est le plus beau coin de France, moi je ne dirais pas ça mais c’est vrai que les organisateurs  nous ont  fait découvrir les particularités du site : gorge du Tarn,  causses, villages typiques avec les toits en lauze, hospitalité et produits locaux.

Le parcours  est découpé en deux avec une partie technique, montées et descentes super sauvages et une autre plus roulante, quoique.  Je décide de partir tranquille et me fixe l’objectif de courir le plus possible.  Je suis accompagné par Murielle, mon assistance de choc, de voiture, qui va avoir la lourde tache d’être présente aux R1, R2, R3 et à l’arrivée. Les kilomètres déroulent, la chaleur monte, je prends même le temps de prendre des photos. Les sentiers sont typés TEMPLIERS avec pour différence les couleurs printanières voire estivales.

Pas eu le temps d’avoir de coups de moins bien que je suis déjà à l’arrivée à CHANAC en un peu plus de 6h. Le temps passe assez vite quand on est en forme et que la tête suit. Contrat rempli également à l’assistance qui a même pu effectuer quelques kilomètres en ma compagnie.

Place à la récup avec la prochaine course dans le viseur. 

Je me réveille le vendredi 17 juin à 23h45 sur la place du grand Tilleul à SAMOËNS (74)

Ce n’est  clairement pas l’objectif de l’année ( ndlr : l’objectif 2022 est L’ECHAPPEE BELLE en août) seulement mon esprit compétition et le bon résultat du Lozère trail (19eme/217) m’encourage à donner le meilleur de moi-même.

Il fait très chaud sur la ligne de départ et comme à La Réunion , en abordant la première montée 1800m de dénivelé , je transpire à grosses gouttes. Je pense bien à m’hydrater mais côté alimentation c’est pas top.  J’arrive à une première difficulté : la pointe d’Angolon. Un raidard de 400m avec une descente super dangereuse. Il ne faut pas s’écarter du balisage sinon c’est la chute dans le noir et le vide. Je continue à perdre des places dans la descente aux mines d’or. Mais je ne m’affole pas, la vitesse est bonne et la route encore longue. Seulement cela fait 4h30 de course et côté alimentation, je n’ai pas fait le pleiLa montée sur le col de COUX est un calvaire ( 3km/528md+). Je suis sans force.  Au sommet, je me pose et me pose des questions. J’ai mal au dos et le moral n’y est pas. Je prend mon tel pour avoir quelques nouvelles de mon assistance à distance, elle me dit «c’est normal, c’est dur accroche toi», je repars.

Ça va mieux, j’ai pu manger une barre, les jambes reviennent et le lever du soleil est magnifique. Prochaine difficulté le Col de Bostan (5km/700md+). J’ai repris des forces en avalant une potion magique qui me restait du raid de Pragues, le moral revient  et je double. Enfin le plus haut sommet de l’épreuve 2274m, c’est beau, encore de rapides photos et j’attaque la descente pour rejoindre la base vie du CRET. On sera à la mi course.

A la base vie, je récupère mon sac d’allègement.  Hop hop hop transition transition, 20’ plus tard je repars frais en ayant changé chaussures, socquettes, maillot et récupéré l’alimentation pour le reste du trail. C’est le passage que j’attendais. J’avais regardé des vidéos des éditions précédentes ou les coureurs faisaient de la luge ! Je voulais le faire. Par contre il faut monter, monter et encore monter, c’est interminable (1500md+). Je fais l’effort de ne pas m’arrêter, les occasions sont fréquentes mais non je résiste contrairement à certains que je double hagards, couchés à l’ombre. Il est midi et le soleil cogne, pas de vent et les pierres sont chaudes. Enfin le sommet et la neige, la récompense, je vais luger sur 50m, OUH !!! Je prends quelques clichés et attaque la descente sur le lac de la VOGEALLE. J’aurai bien aimé faire un petit plouf mais je me sens bien de nouveau donc je ne m’arrête pas et descends à bonne allure. La vue sur les cascades du cirque du fer à cheval est magnifique et plus je m’en approche plus le bruit est important. Le rythme est pas mal : 6km/h. J’arrive au ravito du 66km et mauvaise idée : je me dis il reste encore 30km et 1500md+. Il fait toujours aussi chaud. Les bénévoles sont au top, il nous ravitaillent et nous motivent. Je prends également des nouvelles de mon assistance à distance, elle est toujours là au taquet sur les chemin de l’UTPMA qui se déroule le même jour.

Allez encore deux bosses et je l’aurai bouclé cet ultra.
Les premiers mètres sont faciles mais après ce fut long, très long. Cette bosse ( 4.5km/731md+) me paraît interminable. Tellement faible, je m’accorde, cette fois ci, une micro sieste. Je profite d’un petit train formé par une poignée de coureurs pour accrocher les wagons. Allez faut faire l’effort ! Ça va payer puisque j'arrive au sommet après une heure de bataille. La descente sur SIXT est elle aussi interminable et c’est la portion la moins belle du parcours : grosse piste au début puis longue portion de route, qui tape bien dans les jambes !

J’arrive au dernier ravito et décide de ne pas m’y attarder. Surpris, je retrouve un copain qui m’apprend que sa femme est tombée et est à l’hôpital d’ANNEMASSE. Mince car elle était en tête chez les féminines ! Plus de peur que de mal, elle s’en sort avec une entorse, pas de fracture. Donc ravito express et je repars le couteau entre les dents.

Je ne pense pas au dénivelé restant  ( 920md+/850md-) ni à la distance (17km), je fonce.

À bonne allure je remonte les concurrents, temporise à leur niveau histoire de parler un peu et leur souhaite bon courage. Je fonce encore et me fixe l’objectif d’arriver avant la nuit et sous les 22h. Je repense à ce début de course difficile et à ces coups de moins bien, tous ces moments où j’étais prêt à jeter l’éponge, à tous ces pourquoi, pour qui. Les km défilent, l’important n’est il pas là ?

Avancer peu importe l’allure, avancer toujours. Je me sens encore plus léger quand je commence à entendre le speaker et voir l’arche d’arrivée. C’est mon moment de gloire, de fierté et comme à chaque fois l’émotion m’envahit.  Je suis finisher de l’Ultra Trail du Haut Giffre !

Olivier