La Grande Traversée du Jura : Certains en rêve d’autres la « fond » !
Avec Laeti, ma marraine d’XTTR, nous nous étions lancés ce défi fou en 2015 : participer à cette « course » de ski de fond (la plus longue du monde) dans une région magnifique.
Malheureusement pour des raisons osseuses nous devions le reporter à l’hiver suivant. Mamie péroné fracassé et jeunot demie côte ont beaucoup appris grâce à Fab et Joris qui ont fait les remplaçants de luxe.
Pour se lancer sur un mythe comme ça il a fallu bouffer du ski, faire des sorties par temps pourris, du renforcement musculaire (merci Momo de GymDirect !). Tout un hiver pour arriver prêt le jour J avec notre assistante de choc : Isa.
L’hiver fût pauvre en neige et tout est tombé le WE de la traversée. Pour le prologue du vendredi (16km) les pistes ont parfaitement été damées par les agents de Giron. 55 minutes de prise de contact et nous pointons 50ème sur les 75 heureux élus ; et oui pour s’aligner c’est sur dossier, encore plus sélectif que science po !
Après un briefing complet et carré nous rejoignons notre lit. Il est 21H seulement, normal je suis avec 2 mémés et puis le départ des 185km sera à 3H du mat. Je m’endors nickel, mais 2 co-équipières n’ayant pas pris leur tisane « nuit tranquille » ne fermeront pas l’œil de la nuit. Le stress des exams ? Au réveil, on jette un œil dehors, ça neige plein pot, il est tombé20cm mini et ça continue de poser sévère … sur les pistes ça va brasser encore plus qu’en compagnie de Maitre Kanter. On s’en fout Laeti et moi sommes prêts et Isa a gagné toutes les manches du trophée Andros !
3H départ en masse sur un rythme tranquille, ce n’est pas comme si on allait passer 20H à caresser l’or blanc. Donc pour éviter que le jeune fougueux crame mémé avec un départ de débile elle prend le rythme en main. Km30 on retrouve Isa, elle est en stress car à la recherche des clefs. Malgré tout elle nous chouchoute comme il faut. Nous sommes chanceux de l’avoir comme assistant car beaucoup n’aurons pas vu leur collègue … restés tanckés sur la route enneigée ! L’avancement est aussi dur pour elle que pour nous. On part à l’assaut de la forêt du Massacre qui aujourd’hui porte bien son nom, dans la fraiche les dameurs ont eu beau passer , la neige ne porte pas et skater brûle les cuisses.
C’est le moment que Laeti choisit pour rendre ses bâtons inutilisables et où sa frontale rend l’âme. On est des raideurs, on ne se laisse pas impressionner. Km50, second ravito, Isa nous a préparé une table au chaud. Beaucoup commencent à accuser le coup, se plaignent d’avoir froid. En même temps quand tu pars en tutu et à mach3 dans la puff faut pas s’étonner.
On repart gonflés à bloc dans un groupe (c’est bon ça, car depuis 2H nous étions seuls dans la nuit) et 10 minutes après la piste s’arrête, le dameur n’a pas fait son taf. Allez mode raideur, ça ski dans un single manque plus que le porte carte et c’est le raid blanc de l’Ain. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, 1km plus loin on se retrouve sur une route … personne ! C’est quoi ce bordel ils ont fait quoi les pisteurs et les organisateurs ? Nous appelons Isa qui vient à notre rescousse, nous explique le binz et l’on repartira de bois d’amont : nous allons enchainer 40km sans voir notre ange gardien.
Durant ce tronçon j’en profite pour rattraper Wonder Woman au nombre de chutes (avec des notes artistiques frôlant le 10/10) et marquer la 10ème pause pipi.
Attention Alain, ya concurrence ! Notre cri « Patriiiiiiiiiiiiiiiick » pour indiquer qu’il faut BOHARD retenti dans la forêt. C’est en préventif des crampes, et quand on voit une autre équipe jeter l’éponge car crampée à double dose on fait « Patriiiiiiiiiiiiiick » !
Il est 14H on arrive chez Liadet, km107, et presque frais comme des gardons. Le soleil a pointé le bout de son nez Isa a donc sortie le grand jeu : table / chaise / parasol / soupe /… mieux qu’au Novotel ! Après une pause bien méritée on a du mal à repartir, ils sont trop confortables les sièges et la montée de Métabief fait peur à tout le monde. Jusque-là la tonne de neige fraiche faisait que l’on avait l’impression de skier en Lozère tellement le damage était rock and roll là, à faible altitude il faudra déchausser à plusieurs reprises à cause de cailloux apparents. 30km de carnage, assez éprouvant où nous prenons le temps de faire des pauses « Patriiiiiiiick » afin de ménager la monture. Chose que la majorité des équipes a négligé, en témoigne les ultras fondus qu’Isa aura pu observer à Métabief. On y arrive 45 minutes avant la barrière horaire, nous ne doutons pas de nos capacités à aller au bout, tous les voyants sont au vert. Le sourire, la lucidité et l’osmose entre nous 3 est totale, au taquet! On se plaint juste que sur cette portion du plus grand ruban blanc l’est autant que mon slip. Bien mal nous en prend, il se remet à neiger à gros flocons, on ne voie pas à 20m et la nuit va tomber.
On se dit que l’on participe à l’édition la plus exigeante et pourtant on s’éclate on ne subit toujours pas ! Les 13km pour rejoindre les Fourgs sont costauds, il n’y a plus de glisse, les spatules sont noyées sous la neige, obligés d’avancer en alternatif et avec nos skis c’est juste la galère. 2H et 4 pauses pipi pour faire cette portion avec la moto neige serre fil au cul. Et oui tous ceux de derrières ont abandonné. C’est l’hécatombe. Même si l’on n’a presque pas un pet de jeu la météo nous retarde trop et il nous reste trop peu de temps pour passer la barrière horaire suivante. Plutôt que de repartir brasser dans la piscine nous rendons le dossard.
Décision que nous avons prise collégialement et sans regret. On a pris notre pied sur les 145km de la journée, continuer à patauger en skis pour se faire arrêter dans 15km bof, on préfère arrêter en n’ayant vécu que du positif.
Nous avons vécu une aventure hors normes dans des conditions dantesques mais ce ne fut que du bonheur avec mes 2 mémés ! Seulement 30 équipes auront réussi à rallier l’arrivée ; ça se gagne en 15h20, soit 4H de plus que l’an dernier. Un truc de fou mais qu’est ce que l’on est content d’y avoir participé et déjà l’envie de repartir nous envahit.On est trop bien dans ce massif qui vit ski.
Un grand merci à ma Laeti super coéquipière avec qui j’ai passé une journée mémorable. Une journée également ensoleillée par le sourire et la bonne humeur d’Isa. Si si c’est vrai Isa ne fait pas toujours la tête, et c’est en vivant des aventures comme celle-là que l’on découvre réellement nos partenaires.
Dans la rubrique remerciement, il ne faut absolument pas oublier les organisateurs qui, malgré des conditions d’enneigement pré-course défavorables n’ont cessé d’y croire, ont su s’adapter aux conditions météo et avaient toujours le sourire, un petit mot gentil pour entretenir notre motivation et savourer l’instant.
Actu Steve L